Centrafrique: Abord de rue du centre-ville petits commerçants et enfants de la rue

Scène d'occupation de la chaussée avant le  déguerpissement forcé

Les forces de l’ordre viennent de réussir un pari : celui de faire déguerpir des abords de rues de Bangui la capitale centrafricaine les « Bouba Nguéré », qui littéralement signifie « commerçant cassant les prix », ce qui en réalité ne l’est pas, et les « Godobé », expression qui désigne les innombrables enfants de la rue, sans considération d’âge. Il ne reste plus que les ordures auxquelles devra s’attaquer les services de la salubrité de la Mairie de Bangui.

Suite à la crise qui a secoué la République Centrafricaine et qui a pour conséquence les heurts entre chrétiens et musulmans, les jeunes commerçants chrétiens qui vendaient au Kilomètre 5, le cœur de l’économie à Bangui, ont été contraints de se répartir sur différents sites. Pour des raisons de sécurité. Ils sont désormais sur les marchés de Combattant, à l’entrée de l’Aéroport international de Bangui M’Poko, Pétévo dans le 6ème Arrondissement de Bangui, et au centre-ville.

L’occupation des espaces au centre-ville a posé un sérieux problème d’occupation du domaine public. Les « Bouba Nguéré » se sont établis de manière très désordonnées, devant les boutiques et les administrations, même sur la chaussée. Il était ainsi impossible pour les automobilistes de faire des manœuvres au rond point du centre-ville. Même la voie menant à la Présidence de la République a subi.

Pour désengorger le centre-ville, la municipalité de Bangui a aménagé les abords du stade municipal, qui jouxte le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage afin d’accueillir les « Bouba Nguéré ». Dans un premier temps, les commerçants  ne voulaient rejoindre ce site car dans l’esprit,  c’est le long de chaussées que les clients sont accessibles. Seulement l’État reste l’État. L’un des motifs de l’engagement de la communauté internationale aux côtés de la Centrafrique est le rétablissement de l’autorité de l’État.

L’opération coup de poing

Croyant que les choses allaient se passer comme d’habitude, voilà qu’un matin, vers quatre heures du matin, policiers et gendarmes ont assiégés toute la ville. La consigne qui leur a été donnée est de ne laisser aucun jeune « Bouba Nguéré » déballer sa marchandise. Au fur et à mesure, ce bouclage a commencé à devenir sérieux, ceux qui s’entêtent ne pourront pas vendre dans la journée, d’où la nécessité d’obéir.

Comme la ruée vers l’or, les jeunes « Bouba Nguéré » se sont mis à se diriger vers le stade municipal. En un clin d’œil, il n’y a plus de place pour accueillir tout le monde. D’autres ont pris d’assaut l’autre bord de la chaussée, au point même de provoquer un encombrement devant l’ambassade du Maroc, dont les représentants ne cessent de se plaindre.

Les ordures, une épine dans les pieds des autorités de  la transition

Les enfants de la rue mis « out »

Après le déguerpissement des divers commerçants,, le cap a été mis sur les enfants de la rue.

Des années durant, les enfants de la rue rôdent autour de toutes les personnes qui sont au centre-ville, portant mains fortes aux restauratrices et aux vendeuses de légumes, lavant les taxis, les motos et les véhicules des particuliers, procédant également au chargement des taxis et bus. Leur objectif, se faire de l’argent pour se nourrir.

Mais là où le bât blesse, c’est que les enfants de la rue, ne répondent de personnes, sont de véritables pickpockets. Ils le font sans foi ni loi. Ils sont capables d’ouvrir le coffre arrière d’un taxi pour voler la marchandise d’un client. Puisque, pour prendre le taxi, les clients se bousculent, les jeunes « Godobé » se faufilent pour fouiller ceux qui s’empressent d’emprunter un taxi, au point que tout le monde s’est mis à se plaindre de la conduite de ces jeunes.

La mission du déguerpissement forcé des enfants de la rue a été confiée aux policiers de l’Office Central de Répression du Banditisme (OCRB). Les plus jeunes enfants de la rue ont été remis aux organisations caritatives, pour une rééducation. Il a été demandé aux plus âgés de regagner purement et simplement les quartiers, sinon, ils seront traités comme des bandits. Et comme par simple clic de doigts, il n’y a plus d’enfants de la rue dans les rues de Bangui. Au grand plaisir de tout le monde.

Il reste les ordures après tout ce nettoyage

Bangui baptisée hier « la coquette ville de paris », est aujourd’hui qualifiée par certains Bangui « ville dépotoire ». Car avec les multiples crises qui ont secoué le pays, caractérisée par le pillage des administrations, le service de la collecte d’ordure s’est révélé inefficace. Or, les décharges d’ordures poussent comme des champignons. C’est certainement dans cette direction que les autorités municipales vont formuler leur plaidoyer.

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